Mon doudou divin

Publié le par Nuage

doudoudivin.gif“Ressentir du chagrin est un péché, car la quintessence de l’existence est béatitude.” Ce sont ces mots du poète suédois Erik Gustaf Geijer qui ferment la “Post-réflexion” du roman de Katarina Mazetti (connue pour “Le Mec de la tombe d’à côté”) “Mon doudou divin”. Ce titre et l’image de couverture de l’édition de poche Babel induisent un ton humoristique que je n’ai personnellement pas franchement relevé. Au contraire, le récit déplie plutôt le kaléidoscope de la tragédie humaine parmi les facettes duquel se trouve la quête d’un sens. La structure du roman est classique: elle fait alterner le point de vue de deux des personnages, Wera, une pigiste cynique qui compte bien profiter d’un stage en spiritualité pour alimenter les colonnes d’un magazine, et Madeleine, une fonctionnaire neurasthénique qui porte un lourd secret. Un stage en spititualité est le prétexte pour rassembler des personnages aux psychologies improbables. Outre Wera et Madeleine, citons Adrian à l’ego de gourou, sa femme Annette, ménagère féministe, Karim, un étudiant iranien qui rêve de réconcilier les religions du livre, Eve-Marie, une ombre incompréhensible et positive, et Bertil, ex-médecin drapé lui-aussi dans son secret. C’est lui qui détient la clef du récit.

Tous les ingrédients sont réunis pour obtenir un bon roman psychologique sur une thématique actuelle. Les religions en prennent pour leur grade mais l’ironie de l’auteur ne cherche pas à salir la simplicité maladroite et honnête des chercheurs de spiritualité que l’on découvre dans le roman et que l’on peut facilement rencontrer dans la réalité contemporaine.

“Tu ne t’es  jamais dit que ta question est peut-être très mal posée? Qui dit que nos vies doivent avoir un “sens”? Quel “sens” a la mer? La gazelle qui saute dans la savane, la fleur dans la jungle que personne ne voit? Pourquoi ne pouvons-nous accepter avec reconnaissance de vivre dans le monde et d’utiliser au mieux les années qui nous sont données? N’est-ce pas suffisamment remarquable? N’est-ce pas divin? Laisse donc les dieux aller en paix, Madeleine, si tu n’as ps besoin d’eux et s’ils ne font que te tourmenter.” (p.164)

Références: Katarina Mazetti, Mon doudou divin, Babel 2013.


Publié dans psychologie

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