Sortilège

Publié le par Nuage

sortilege.jpgJ'ai déjà eu l'occasion d'apprécier avec La Reine des heures l'univers surprenant de Jean-François Chabas, auteur pour la jeunesse qui publie à l'Ecole des loisirs. Sortilège réunit deux récits réunis par l'émotion qu'ils suscitent chez le lecteur, malgré une vision parfois simpliste de l'existence. Le premier, le plus court, "Au-dessus des nuages", raconte la fugue de Cyprien à travers la montagne. Le jeune garçon solitaire fuit un drame familial et trouve refuge dans les bras accueillants de la nature qu'il connaît bien. Un récit tout simple et plein de sagesse:

 

" Ce jour, il y avait une bonne chaleur d'été, ça faisait ressortir les odeurs de la forêt. Les feuilles mortes, les animaux morts, les branches au sol, toutes ces choses qui pourrissaient pour engraisser la terre noire. "La vie, c'est: tu nais, t'en chies, tu crèves?" Sauf que la différence avec une feuille, une fourmi ou un bout de bois, c'est que nous, les humains, nous pouvons décider de ce que nous faisons entre la naissance et la mort. Décider de ce que nous devenons, et, même si nous ne sommes pas toujours libres de tout, personne ne peut nous mettre dans le crâne ce que nous ne voulons pas y voir entrer. Notre esprit nous appartient." (p.20)

 

Un message positif à destination des jeunes lecteurs, même si les techniques de communication actuelles peuvent remettre en question cette définition de l'humain à laquelle nous aimerions tous croire. Mais apprendre à rester un esprit libre, ce sera pour plus tard.

Le second récit, qui donne son nom au recueil, est l'histoire d'Antoine, un autre jeune garçon en train de vivre un tout autre drame. Il vient d'adopter une jeune chienne toute folle, un braque qu'il nomme Sortilège. Et puis son monde de joies simples et de vie familiale équilibrée bascule: il est cancéreux.

 

"Le cancer, celui que j'avais en tout cas, ça rétrécit la vie; forcément, puisqu'on ne peut plus faire grand-chose. On est tout le temps fatigué. On pense beaucoup. On regarde ses proches - mes parents, mon oncle Nathan, Grand-Mère - souffrir de notre souffrance, et c'est eux, en fin de compte, qu'il faut consoler. On imagine ce qui se passera si on meurt, on souhaite qu'il y ait du monde à l'enterrement." (p.94)

 

Alors, c'est l'hospitalisation et son cortège de chimiothérapie et autres expériences sympathiques du même genre. Sans sa chienne, interdite en milieu hospitalier. Et c'est le déclin. Jusqu'à ce qu'Antoine entende ce qu'il appelle "la voix du monde" (p.103), celle qui lui chuchote à l'oreille qu'il doit retourner auprès de Sortilège qui vaut bien mieux qu'une chimiothérapie.

 

Les deux histoires racontent au fond le secret de l'enfance qui tient dans l'art d'écouter les petites voix de l'univers, celles auxquelles l'âge adulte est le plus souvent sourd. Dans ce secret là se trouve bien des mystères.

 

Références: Jean-François Chabas, Sortilège, coll.Neuf, L'Ecole des loisirs.

Publié dans jeunesse

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