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Comment présenter en quelques mots Miquel Barcelo?

 

C'est un artiste contemporain catalan qui nourrit son œuvre de ses voyages et de ses séjours loin de son île natale (Majorque). Il vit régulièrement au Mali, chez les Dogons.

 

Les magnifiques éditions Le Promeneur ont publié en 2003 ses Carnets d'Afrique (merci Brigitte) couvrant les années 1988 à 2000. Des carnets illustrés comme une mise en scène d'un fouilli non péjoratif de peintre un peu errant. Nous trouvons ses thèmes obsessionnels, son regard sur l'Afrique, son regard sur lui-même, ses listes de tout et de rien…

 

C'est une forme de voyage fragmenté induit par le genre du carnet.

 

C'est une recherche de soi comme une comparaison se concentrant sur un questionnement déchirant:

 

"Les Dogons ne se disent pas animistes, ni fétichistes – des foutaises de missionnaires – ils sont OMONA, ce qui veut dire "tout droit". Voilà qui m'arrange, moi qui fais tellement de détours!

Quelle est ma filiation? A quel art j'apparteins? J'ai beau me dire –ô vanité – que ma famille, c'est Tintoretto, Caravaggio, Rembrandt, Goya… Ces forcenés…

Mais dans la grotte où je peins ou au vent sur la falaise, en tapant sur ma toile jusqu'à me déchirer les paumes des mains – mes stigmates – j'ai des doutes.

Je ne sais même plus si c'est des tableaux que je fais ou quoi donc. Non plus des images. Tout ça, c'est fini. Quoi donc?" (p.158)

 

C'est une poésie simple du monde, une reconnection des choses et de l'univers (enfantée par la puissante cosmogonie dogon?):

 

"Autoréférence infinie, comme un chou-fleur, un cerveau, un nuage, une galaxie.

 

Des choses qui se nourrissent d'elles-mêmes.

De grands tourbillons provoquent des tourbillons plus petits…

Viscosité.

 

Des choses qui ressemblent à elles-mêmes.

Spirales dans des spirales. Turbulence.

La lagune de Bassam. L'histoire de l'art.

 

L'ordre produit la localité.
Le désordre produit l'universalité." (p.89-90)

 

C'est une organisation personnelle du monde:

 

"J'aligne quelques objets par ordre d'antiquité:

un fossile de poisson,

une pointe de flèche en silex,

une figure votive ibérique,

une bouteille de vieux calvados,

une rose.

J'apprécie le résultat, mais j'évite soigneusement d'en tirer une conclusion quelconque." (p.54)

 

C'est la rencontre humoristique de deux mondes:

 

"Les chèvres qui passent devant la grotte où j'écris font le même bruit que les talons des demoiselles sur le marbre d'un salon à Paris."  (p.126)

 

C'est beaucoup plus encore.

Je n'ai pas évoqué les illustrations.

 

 

A propos de Barcelo:

 


sa biographie

le site officiel
le site non-officiel



Références:
Miquel Barcelo, Carnets d'Afrique, Le Promeneur, 2003.

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