Ce qui a dévoré nos coeurs

Publié le par Nuage

devorecoeurs.jpgLe récit de l'américaine Louise Erdrich, fille d'une indienne Ojibwa, commence dans le New Hampshire et fait irruption dans la vie de Faye Travers dont le métier est d'expertiser des collections privées. La vie de Faye Travers croise celle d'un gros tambour rituel amérindien, instrument troublant qui la conduit à remonter la piste jusqu'à son concepteur. Le roman raconte le destin tragique et étonnant de ce tambour guérisseur et des hommes liés à lui. Instrument de mort et de vie, il symbolise la collaboration des vivants qui le fabriquent, l'entendent, le croisent avec le monde des esprits selon une  tradition amérindienne. 

 

"Nous avons soif d'un ordre simple. Qu'un jour puis le suivant et encore le suivant, avec un peu de chance, soient identiques. Le chagrin représente le chaos. La mort ou la maladie détraquent le monde. Donner suite à cet ordre et le préserver est un acte d'espoir désespéré. Protège-nous. Sauve-nous. Permets à notre esprit d'échapper à la peine afin que nous puissions simplement glorifier le monde." (p.233)

 

Chaque personnage est en quête des signes de ceux qui sont passés de l'autre côté du miroir. Des signes transmis par les rêves, les objets ou les animaux. Des signes qu'il est si facile de laisser échapper.

 

"Le tambour est l'univers. Ceux qui prennent place de chaque côté représentent les esprits qui siègent aux quatre points cardinaux. Un tambour peint, en particulier, est considéré comme un être animé que l'on doit nourrir à la façon dont le sont les esprits, en posant à côté du tabac et un verre d'eau, parfois une assiette de nourriture. Un tambour ne doit jamais être posé par terre, ni laissé seul, et doit toujours être recouvert d'une couverture ou d'une courtepointe. On sait que les tambours guérissent et on sait qu'ils tuent. Ils ne font plus qu'un avec leur gardien. Ils sont construits pour d'importantes raisons par des gens qui rêvent les détails de leur facture; Il n'y en a pas deux pareils, mais chaque tambour est apparenté à tous les autres tambours. Ils se parlent entre eux et offrent leurs chants aux humains." (p.60)

 

Le récit est puissant et il convient de ne rien révéler de plus concernant cette étrange histoire tissée soigneusement. La trame en est complexe et les personnages, précisément ciselés, comme les échos les uns des autres. "Ce qui a dévoré nos coeurs" évoque les liens subtils unissant tous les êtres, la force du destin, le poids du sacrifice et la difficulté plus grande de vivre que de mourir.

 

Références: Ce qui a dévoré nos coeurs, Louise Erdrich, Le livre de poche.

 


Publié dans aventure humaine

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