Le Tao de Pooh

Publié le par Nuage

tao.jpgWinnie-the-Pooh, le petit ours bien connu, a été créé pour les enfants par Alan Alexander Milne (auteur) et Ernest Howard Shepard (illustrateur) en 1926 avant d'être récupéré, comme une trop grande part du patrimoine culturel enfantin, par la firme Disney qui a lobotomisé le dessin de Shepard tout en faisant de l'ourson une star des produits dérivés comme chacun sait.

 
L'univers de Pooh est-il aussi dérisoire et gentillet qu'il y paraît pour un lecteur adulte? Benjamin Hoff fait le pari que non et présente dans son Tao de Pooh "la sagesse d'un taoïste d'occident" (p.10) qui emprunte les traits du petit personnage. Est-ce une nouvelle récupération à la sauce asiatique cette fois-ci? Certes, l'auteur surfe sur la vague venue de Chine mais la nostalgie de l'auteur est sensible pour un Pooh encore vierge de royalties disneysiennes. Hoff décomplexe les adultes qui voudraient retrouver la fraîcheur et la poésie de la forêt du teddy bear de A.A. Milne. Il propose un prétexte sérieux: définir le taoisme et le rendre compréhensible à un esprit occidental. Les personnages de l'histoire de A.A.Milne lui fournissent des modèles appropriés: l'ourson est un bienheureux qui sait se contenter de vivre le moment présent; Bourriquet est au contraire perclus de questionnements existentiels; Coco le lapin est l'intelligent qui calcule tout et Maître hibou l'érudit qui pontifie. Un cadre et des acteurs idéaux pour mettre en scène le wu wei.


"- Pooh, lorsque tu te lèves le matin, dit enfin Porcinet, quelle est la première chose que tu te dis?
- Qu'y a-t-il pour le petit-déjeuner? répondit Pooh. Et toi Porcinet, que te dis-tu?
- Je me dis, je me demande ce qu'il va arriver d'excitant aujourd'hui? dit Porcinet.
Pooh inclina la tête pensivement.
- C'est la même chose dit-il." (p.10)


"Le cerveau peut accomplir toutes sortes de choses, mais les choses qu'il accomplit ne sont pas les plus importantes. L'intelligence abstraite ne fait que séparer celui qui pense et le monde réel; et ce monde – la Forêt de la Vraie Vie – est dans un état désespéré à cause des gens trop nombreux qui pensent trop et font trop peu attention. Malgré ce que se plaisent à croire certains esprits, ce malentendu ne peut pas durer très longtemps si l'on veut que le monde survive. Pour éviter le désastre, le seul choix que nous ayons est de modifier notre approche et d'apprendre à reconsidérer la sagesse et le contentement. Or ces choses sont recherchées par-dessus tout à travers la connaissance et l'intelligence, alors qu'elles ne sont issues ni de l'une ni de l'autre. Nous ne pouvons plus nous permettre de rechercher désespérément et avec une telle force quelque chose au mauvais endroit et à travers un mauvais cheminement. Si nous laissons la connaissance et l'intelligence continuer à tout envahir, elles détruiront avant peu toute vie sur la Terre telle que nous la connaissons, et le peu qui survivra ne vaudra pas la peine qu'on s'en occupe même si nous le voulions." (p.176)


Référence: Le Tao de Pooh, Benjamin Hoff, Collection Picquier Poche, Editions Philippe Picquier, 2004.


Le volume 2 fait l'éloge du "petit", autour du personnage de Porcinet: Le Te de Porcinet, Benjamin Hoff, Editions du Rocher, 2001.

 

A propos de E.H. Shepard: Il est aussi l'illustrateur du Vent dans les saules (The Wind in the Willows) de Kenneth Grahame, publié en 1908, un autre grand classique de la littérature pour enfant. A signaler que le dessinateur français Michel Plessix a adapté cette histoire pour la BD chez Delcourt.

Publié dans philosophie

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H
Et à quand le Zen de Pierre le Lapin ?
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N
<br /> <br /> Tiens, c'est une idée! Ou encore l'Ashram de Pierre Lapin!<br /> <br /> Dans un autre genre "animaux et philosophie orientale" il existe aussi  "Histoires zen pour chats" de Claire Gaudin et toute la série: "Yoga et Prâna pour chats", "Relaxation<br /> et massages pour chats"... Très drôle!<br /> <br /> <br /> <br />